Macky Sall, un an de règne, des vagues de protestations à Kédougou

En prélude du 1er conseil des ministres décentralisé qui sera organisé le 17 Avril prochain à Kédougou, la population fonde à nouveau ses espoirs sur le président Macky Sall et son gouvernement pour la résolution définitive des problèmes de cette région.
Le département de Kédougou a été érigé en région à la suite du découpage administratif de 2008. Les efforts du gouvernement de l’alternance restent encore peu visibles à cause de la forêt de problèmes que continuent de vivre les populations de cette partie du Sénégal. Ces problèmes ont pour nom, accaparement des terres cultivables, insécurité, pollution de l’environnement, exposition aux produits chimiques entre autres. Kédougou région assise sur de nombreuses potentialités (ressources minières, disponibilité en eau) ressemble encore à un mendiant. Plus de trois ans d’exploitation industrielle de l’or, aucune retombée n’est visible.
Macky et ses engagements pour Kédougou
Opposant, Macky Sall avait pourtant pris des engagements fermes pour redorer le blason de Kédougou.
« Je peux vous garantir que je m’engage à renforcer l’investissement, je m’engage à développer un centre de formation professionnelle dans le métier des mines ici à Kédougou. Je suis pour le développement minier, je suis géologue moi-même, je sais que les mines sont faites pour être exploitées mais l’exploitation doit aussi et surtout bénéficier aux populations autochtones. Il ne s’agit pas simplement de slogan et d’inscription au code minier, mais il s’agit d’une réalité que les populations de Kédougou doivent vivre ensemble » a laissé entendre le candidat de la coalition Macky 2012.
Malgré tous ces engagements qui tardent à se concrétiser, sur le terrain, les populations n’ont pas gardé leurs langues dans leurs poches. Elles se sont exprimées pour que toutes ces préoccupations soient prises en compte par l’Etat.
L’accent a été particulièrement mis sur les points les plus sensibles qui s’ils ne trouvent pas de solutions Kédougou risque de basculer dans une situation incertaine.
Le conflit foncier
«Ici à Faloumbou, les sociétés minières nous prennent comme des animaux. Nous ne pouvons pas travailler dans les sociétés puisque nous sommes âgés et analphabètes, ni cultiver puisque tous nos champs nous ont été arrachés. Nous sommes des pères de familles. Et on nous avait promis que les sociétés allaient bien nous aider. Nous pensons bien que Macky Sall, le président géologue va régler une bonne partie de nos problèmes » a témoigné M Oussouby Dangnokho, habitant de Faloumbou.
La libre circulation des personnes et des biens est de plus en plus compromise dans la région avec les agressions à main armée.
L’insécurité, une véritable menace pour l’envol de la région
«Il y a un flux démographique extraordinaire. Ces migrations charrient d’autres problèmes. Il y a une pression sur les ressources, un problème de sécurité, la prolifération du VIH/Sida. Nous observons des agressions que nous ne connaissions pas auparavant. Ce sont des phénomènes directement liés à l’exploitation de l’or » Samba Sidibé, consultant en appui conseil aux programmes et spécialiste dans l’élaboration de politiques économiques.
Cette insécurité est d’autant plus accentuée par les produits chimiques (mercure, cyanure) qui tuent à petit feu. En plus des produits chimiques qui vendent comme de petits pains dans les sites d’orpaillage, la Compagnie Sénégalaise de Transport Transatlantique Afrique de l’Ouest (CSTT-AO) avait tenté tous les moyens pour s’implanter dans la commune de Kédougou.
Marche contre la CSTT-AO
Les organisations de la société civile ont battu le 4 janvier le macadam pour protester contre le projet d’implantation de la Compagnie Sénégalaise de Transport Transatlantique Afrique de l’Ouest (CSTT-AO).
Depuis lors le collectif des organisations de la société civile de Kédougou a déclenché une guerre sans merci contre le projet de stockage de produits chimiques dans la commune de Kédougou.
Rassemblement à Paris
Loin de leurs terres natales, les ressortissants de Kédougou en France ont saisi le taureau par la corne pour alerter l’opinion publique. Ils ont tiré la sonnette d’alarme au cours d’un rassemblement de protestation contre les agressions à main armée devenues très fréquentes dans la région. Ils ont bravé le froid pour prendre part à cette manifestation au consulat du Sénégal à Paris le 8 février dernier.
Marche contre les délestages
Le 29 mars 2014, les populations de Kédougou ont crié leur ras-le-bol face aux délestages intempestifs qui plongeaient la commune dans une mauvaise posture en ces périodes d’insécurité grandissante.
Les 16 et 17 avril prochains, Macky Sall et son gouvernement seront interpelés pour apporter des solutions définitives à ces problèmes qui ne sont que la partie visible de l’iceberg des problèmes de Kédougou.
Adama Diaby