Kédougou : virée à Douta dans l’univers des femmes orpailleuses

Kédougou : virée à Douta dans l’univers des femmes orpailleuses

Avec le soutien de l’Alliance pour une Mine Responsable (ARM),echosdescollines.com s’est rendu  à Douta, un site d’orpaillage situé à environ 80 Km au nord-est de Kédougou. Il s’ y est entretenu avec Mme Habibatou Diallo, l’épouse du président du Gie Sanoubara.

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Pouvez –vous nous faire une description du village de Douta ?

« Notre village est mal posé, notre chef de village n’est pas habitué à recevoir des étrangers. Il n’y a ni marché ni case de santé. Notre chef de village n’est pas très dynamique. C’est un grand problème. Mais quand même, il parvient à faire de la médiation avec l’appui des tombouloumas en cas de différend entre deux habitants du village. Si le problème dépasse leurs compétences ils font appel aux gendarmes ».

De quoi souffrent les femmes  orpailleuses de Douta ?

« Les femmes de Douta souffrent du manque d’eau. Il n’y a ni eau ni école ni case de santé dans notre village. Le forage de Bassari ressource est tombé en panne depuis 2 ans nous avons un problème d’accès à l’eau potable. Personnellement, je regrette de ne pas avoir étudié. Nous souffrons également de l’éloignement du site. Il est situé à 7 km du village dans une zone enclavée. Même à moto, il n’est pas facile de s’y rendre faute de routes praticables. Sur le chemin, il nous également supporter les piqures des m ouches tsé-tsé. Si difficile soit-il, ce travail ne nous empêche pas d’entretenir nos enfants et nos époux ».

Comment parvenez-vous à gagner de l’or ?

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« Nous soutenons les hommes dans le puisage de l’eau. Ce sont les femmes qui font remonter du fond des puits le sable  supposé contenir le minerai .Sur trois seaux remontés, une part appartient aux femmes. Dans les placers, hommes et femmes y travaillent. C’est un peu  plus difficile pour nous de supporter cette fatigue, mais nous essayons de résister. Ce sont les femmes qui font tout le travail  de lavage. Nous travaillons avec des calebasses, il y a d’autres femmes qui tirent la corde pour remonter le sable.

Nous gagnons parfois 1 ou 2 décigrammes d’or par jour. C’est insuffisant et fatiguant pour nous. Quand même, avec ces petites quantités d’or que nous parvenons  à réglons certains de nos petits besoins et ceux de nos enfants ».  .

Décrivez votre journée de la femme dans un site d’orpaillage

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 « Nous nous réveillons chaque jour à 5 h pour aller chercher de l’eau, préparer le petit déjeuner, le déjeuner. Le repas de midi servi, nous parcourons 7 km pour nous rendre au site. Nous y travaillons jusqu’à 17 h  pour revenir préparer le diner  qui ne sera servi que vers 21h.»

Parlez-nous du travail de votre époux

« Mon mari est aussi orpailleur, il est le président du gie sanoubara de Douta. Il a beau parler pour mobiliser les autres orpailleurs à adhérer au gie sanoubara, mais ses efforts restent encore vains. Nous, les femmes, allons continuer à leur parler pour qu’ils comprennent que le travail individuel ne mènera à rien ».

Parlez- nous de la présence des enfants et des femmes enceintes sur les sites d’orpaillage ?

« Les enfants vont dans les sites d’orpaillage et c’est dangereux car, ils peuvent tomber dans les puits. Pour les femmes enceintes, il y en a eu déjà 3 qui ont accouché dans les sites, c’est très dangereux. Désormais, nous allons nous mobiliser pour conscientiser les femmes enceintes et les enfants de ne pas travailler dans les sites d’orpaillage. Nous avons pris l’option  de faire une exploitation minière artisanale de façon responsable ».

Quels sont vos rêves et ambitions pour votre village ?

« Si nous gagnons beaucoup d’or, nous rêvons de construire une bonne école pour éduquer nos enfants, une case de santé et une mosquée. La société Bassari ressources qui avait pourtant promis de construire une école pour les enfants a tout bonnement installé un container en guise de salle de classe. C’est vraiment  dommage. Je regrette de ne pas  avoir  été allée à l’école, c’est pourquoi, j’aimerai que mes enfants aillent à l’école ».

 

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