Kédougou : Un  sage appelle au changement de mentalités par le retour aux sources

Kédougou : Un  sage appelle au changement de mentalités par le retour aux sources

Octogénaire, Ablaye Diallo, demeurant au quartier Dandé-mayo de Kédougou  confie à echosdescollines.com une partie des souvenirs à travers une analyse comparative de l’évolution de la société d’autrefois et celle d’aujourd’hui à Kédougou.

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Kédougou, autrefois, les jeunes  cultivaient la terre

« Autrefois Kédougou était une brousse. Les babouins et autres animaux cohabitaient avec les personnes. En hivernage, aucun jeune ne trainait dans les maisons. Avant le lever du soleil, tout le monde  allait dans les champs. A cette époque, il y avait beaucoup d’animaux dévastateurs (singes, perdrix …). Si on ne surveillait pas les semis, ils déterraient tout sur leur passage. C’est pourquoi, il fallait être présent dans les champs du lever au coucher du soleil sinon tout risquait d’être dévasté. Sans cette rigoureuse surveillance, aucune plante ne pouvait pas résister. Les enfants ne connaissaient pas la ville. Toute la famille passait la journée dans les champs, seule une femme restait à la maison pour préparer le déjeuner. Vers 14 h, elle transportait le repas vers les champs pour les travailleurs. Après le partage du repas avec les travailleurs, cette femme doit retourner à la maison pour préparer le dîner. Sur le chemin du retour, elle profite de l’occasion pour chercher du bois et cueillir quelques feuilles comestibles pour le couscous du soir ».

 Les femmes d’autrefois avaient de la « baraka »

« Autrefois les femmes  travaillaient beaucoup pour aider leur mari. Elles sortaient le riz du grenier, l’étalaient au soleil et le pilaient et préparaient tous les repas. C’est pourquoi, les femmes d’autrefois avaient de la « baraka ».Toutes les femmes travaillaient. Chacune possédait un lopin de terre et y cultivait du riz. Il était  aussi rare de voir un homme qui n’avait pas un champ de fonio, de maïs, d’arachide ou de mil ».

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Kédougou, abandon des bonnes pratiques

« Ce n’est pas comme ce qui se passe maintenant. Depuis que nous sommes entrés en contact avec la civilisation occidentale, nous avions délaissé toutes ces habitudes. Comment allons-nous nous nourrir si toutes ces bonnes pratiques ont été abandonnées. A l’époque, je remplissais  à moi seul mon grenier de maïs. On consommait beaucoup de maïs. Le maïs se cultivait en toute saison. Le maraichage aussi était bien pratiqué. Nous ne connaissions que le travail. Personne ne trainait dans la ville. Ce n’est pas comme maintenant. On ne voyait pas une jeune fille ou un jeune garçon faire sa toilette et errer dans les rues. On trouvait les femmes, calebasses sur la tête, en train de désherber les rizières. A l’époque, en hivernage, il pleuvait presque tous les jours. Et tout le monde cultivait la terre quelque soit le statut social (fonctionnaire ou non fonctionnaire,) tout le monde travaillait la terre ».

Maintenant ce sont les femmes qui épousent les hommes

« Maintenant les enfants disent qu’il y a eu des changements. Je contredis cela. La loi divine ne changera jamais. Ce sont les personnes qui  ont peut-être changé. Actuellement beaucoup des chefs de familles vivent de la « chaire des personnes ». Maintenant ce sont les femmes qui épousent les hommes.  Tout ceci à cause des téléphones portables. Aujourdhui, l’homme n’arrive plus ni à contrôler sa propre femme ni ses enfants. Ta femme peut être appelée par un autre homme, tu ne sauras rien de leur discussion. Actuellement si tu épouses une belle femme, tu auras tous les problèmes du monde ».

Nos valeurs sont bafouées au nom de la modernité 

« Dans la tradition, une femme doit demander la permission 3 fois à son époux avant de sortir. Une première fois une à deux heure avant son départ, la seconde fois quand la femme a fini de faire sa toilette, s’est habillée et la troisième fois quand elle s’apprête à partir. Maintenant les femmes s’en vont sans demander la permission à leur mari. Si toutefois une femme sort sans demander la permission à son mari. Quand elle fait 9 pas au dehors, elle fera 90 pas dans le feu de l’enfer. Toutes ces valeurs sont de plus en plus bafouées par nos femmes au nom de la modernité ».

Gestion des conflits conjugaux

« Autrefois si mari et femme se disputaient personne n’intervenait au moment des querelles. C’est après que tout se sera calmé qu’on intervenait. Le médiateur demandait séparément à l’homme et à la femme les motifs de cette dispute et tranchait. S’il se rend compte que c’est l’homme qui a tord, ce dernier est tenu d’aller présenter ses excuses à son épouse et vice-versa. Après cette réconciliation, le couple reprenait vie et dépassait ce conflit ».

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