
.Le samedi 21 mars 2020, M L C fait partie des passagers qui ont partagé le même bus qu’, O.C, un cas suspect entre Dakar et Fatick. Le cas suspect étant confirmé le lendemain, tous les autres passagers une fois à Kédougou ont été mis en quarantaine soit à domicile soit dans le centre d’isolement. A la fin de cette période d’auto confinement de 14 jours, M L C tout comme les autres passagers du bus jusque-là considérés comme des cas contacts ne présentent plus aucun danger pour la société. Après ce passage à l’épreuve M.L.C s’est porté volontaire pour devenir un ambassadeur de la lutte contre la stigmatisation à l’égard des cas-contacts. Il retrace ici le film de ces deux longues semaines.
Dites-nous comment vous aviez fait ce voyage mouvementé ?
« Nous avons pris départ vers 16 h à Dakar. A notre grande surprise, à notre arrivée devant l’hôpital régional de Fatick, nous avons vu le bus se faire arrêter dans deux agents de la gendarmerie. Nous ne savions pas exactement de quoi s’agissait-il. Nous sommes restés enfermés dans le bus. Nous étions dans un état inconfortable. Enfermer des personnes dans un bus sans savoir de quoi il s’agissait c’était vraiment étonnant. C’est grâce à ma réaction que le chauffeur a essayé de nous expliquer ce qui se passe réellement. Dix minutes plus tard, le médecin-chef masqué avec ses agents. Il nous a fait comprendre qu’il avait un cas suspect du COVID-19 parmi nous. Il l’a appelé O.C. Elle n’a pas répondu. Il a répété le nom quatre fois, elle n’a pas réagi. Lorsque le médecin-Chef a demandé aux gendarmes de procéder à la vérification des pièces nationales d’identité que la dame a voulu s’enfuir. Lorsque je l’ai aperçue sortir du bus, j’ai attiré les gendarmes. C’est ainsi qu’elle a décliné son identité O.C. »
Comment aviez-vous vécu ces 14 jours de confinement à domicile ?
«Je suis habitué à ces genres de choses. J’ai été superviseur des relais de sensibilisation pour le CNLS en collaboration avec l’USAID de 2008 à 2019 dans une compagnie minière. Je suis agent pour la sécurité, l’hygiène et la santé au travail. On m’a appris à former des gens pour qu’ils ne stressent pas beaucoup face à ces genres de maladies. Avec la fin de ce confinement c’est comme si on a enlevé un lourd fardeau sur ma tête. C’est un confinement qui a été validé à 90% dans la stigmatisation. Etant habitué à ces genres de situations, j’ai dit aux autres passagers qui étaient la même situation que moi de résister. Nous ne devons pas réagir face à ceux qui jettent un mauvais regard sur nous. Au contraire, nous devons aller vers eux pour les sensibiliser afin qu’ils ne stigmatisent pas. Imaginez, dans une zone donnée, quand il y a un cas suspect qui pense être stigmatisé, il ne se fera jamais montrer. Les gens seront contaminés et la maladie va ravager la zone ».