Kédougou : Cet agriculteur produit chaque année au moins 30 tonnes de ….

Au cours d’une virée dans le village de Santanko, le reporter du site echosdescollines.com a eu le privilège de s’entretenir avec M Samba Diallo, dit « Grand ké », un grand producteur qui ne fait pas moins de 30 tonnes de maïs par campagne agricole.
Comment s’est déroulée la campagne agricole précédente ?
« Cette année, nous nous sommes levés tôt. Depuis le mois de Mai. Nous sommes à pieds d’œuvre. Et nous avions pris en l’engagement de cultiver et du maïs et du riz. C’est possible d’allier ces deux activités à condition d’avoir de la main d’œuvre suffisante. Si l’on négocie avec les jeunes, il est possible qu’ils fassent un excellent travail surtout s’ils savent qu’ils seront rémunérés à la fin de la campagne agricole. La manière dont nous avions été éduqués dans le travail, si nous procédons de la même sorte avec nos enfants, ils risquent de démissionner tôt, de tourner le dos à l’agriculture pour enfin se ruer vers les sites d’orpaillage. Moi, j’ai discuté avec les jeunes selon ce qu’ils désirent de faire comme activités. J’ai accompagné ceux qui voulaient cultiver pour eux-mêmes en plus du travail qu’ils feront pour moi. J’ai discuté le coût de la motivation avec ceux qui voulaient travailler juste pour moi pendant 6 ou 7 mois. La paie de fin de campagne varie entre 400 000 et 500000 FCFA. Mais à cette condition, chacun doit respecter les règles du jeu. Celui qui s’y engage doit accepter de se réveiller tôt. Le marché étant conclu, nous avons démarré par la culture du maïs étant donné que l’évolution du riz de la variété Nérica 4 est rapide. La croissance du Nérica 4 dure 3 mois au quatrième mois c’est la récolte ».
Quels ont été les différents problèmes que vous aviez rencontrés ?
« Nous avons beaucoup souffert pour avoir de bons rendements. La divagation du bétail et les feux de brousse nous ont causé beaucoup de soucis. L’odeur du riz Nérica 4 attire les vaches. C’est pourquoi, parfois, nous passions des nuits blanches à surveiller les champs. Il faudrait que l’Etat puisse nous soutenir davantage dans la lutte contre la divagation du bétail et les feux de brousse. En plus du riz, j’ai cultivé du maïs plus précisément de la multiplication de semences de la variété Swan, la variété « goor yomboul » en provenance de l’ISRA. Vous voyez bien la récolte, il n’y a pas moins de 30 tonnes de maïs ici ».
Êtes-vous accompagnés dans la réalisation de ces activités agricoles ?
« Nous sommes appuyés par le PADAER et Bamtaaré. Nous sommes satisfaits de cet accompagnement car à chaque fois nous bénéficions des appuis consistants. Nous avions reçu beaucoup de formation sur l’entretien des rizières. Nous avons maintenant une bonne maitrise des itinéraires techniques en riziculture. Dans le domaine de la culture du maïs, nous avons déjà beaucoup d’expériences ».
Vous avez du succès dans la culture du maïs, quels sont vos secrets ?
« Mon seul secret dans l’agriculture c’est de commencer tôt à débroussailler le champ. Ce qui est difficile c’est de trouver des saisonniers qui pourront t’aider dans les champs. Trouver des femmes capables de préparer afin que les saisonniers mangent à satiété est difficile. Si l’homme ne va pas faire moudre le mil ou le mais, rien ne marchera. Avec 2 bonnes femmes, 8 ou 10 ouvriers agricoles engagés, on peut faire d’excellents résultats. A Santanko, nous négocions avec nos enfants pour qu’ils travaillent ici à nos côtés et pour nous moyennant quelques motivations en fin de campagne agricoles .Nous ne souhaitons que d’autres jeunes venus d’ailleurs fassent ce travail à leur place car l’argent que ces derniers gagneront ne sera jamais dépensé ici. Notre souhait c’est aussi de participer à l’économie régionale ».
Vous faites des progrès dans le secteur de l’agriculture pendant que d’autres producteurs notamment les jeunes tournent le dos à cette activité au profit de l’orpaillage ?
« Les résultats de l’exploitation de l’or sont nuls. Si les orpailleurs continuent à défricher les arbres à creuser partout des mines, à bâtir partout des immeubles, où allons nous cultiver pour nourrir le reste de la population ? Notre seule ambition c’est d’encourager les jeunes à retourner vers l’agriculture. Dans les normes si tous les villages font comme Habibou, Santanko, Ségou, Kédougou nourrira Kédougou. C’est bel et bien possible. Il suffit juste de s’y mettre.
Quels sont vos besoins du moment et quelles sont vos perspectives ?
« Nous souhaitons une batteuse à riz et une égreneuse dans la village de Santanko. L’ouverture de la nouvelle rizerie « Maromen » de Kédougou est une bonne nouvelle pour nous les producteurs. Cela nous encouragera davantage à produire plus. Notre maire Mamadou Yéro Bâ et son conseil municipal ont délibéré pour moi nous a octroyé 20 ha afin que je puisse étendre mes champs en plus des 40 ha que j’avais. Je m’achemine progressivement pour une emblavure de 100 ha. C’est possible. Kédougou pourra bel et bien nourrir Kédougou ».