Environnement

Kédougou comporte l’un des derniers bastions du Sénégal, mais beaucoup de problèmes persistent encore dans la protection et la gestion des ressources naturelles dans cette partie du territoire.  echosdescollines.com s’entretient avec le Colonel Malang Ki Diarra, Inspecteur Régionale des Eaux et Forets de Kédougou.orduresDSC02757

Quel est l’organigramme de l’IREF ?

« L’Inspection Régionale des Eaux et Forets de Kédougou est formée du secteur de Kédougou dans chaque département Saraya et Salémata, un secteur des eaux et forets et des brigades forestières arrondissements de Bandafassi et Fongolimbi »

Quelles sont les missions de l’IREF ?

« Nous avons comme missions la mise en œuvre d’applications  de la politique forestière, la lutte contre les feux de brousse, la production de plants et le reboisement, la gestion de la faune sauvage et son habitat vous n’ignorez pas que la région de Kédougou couvre la ZIC Falémé et une partie du parc national du Niokolo Koba. Nous réalisons aussi des travaux d’aménagement des forets, de défense et restauration des sols  compte-de la pluviométrie de la zone, les eaux de ruissellement dégradent une bonne partie des sols. L’Inspection Régionale des Eaux et Forêts est soutenue dans ses missions par des partenaires comme le PAPIL, la Division Régionale de l’Environnement et des Etablissements Classés(DREEC), le service des mines, l’Institut National de Pédologie (INP), vision mondiale les services de l’Elevage et de l’Agriculture entre autres…) ».

Quels sont les problèmes liés à la gestion des ressources naturelles à Kédougou ?

« Notre service s’occupe des ressources naturelles, de la faune et de la floreKédougou comporte les derniers bastions du Sénégal, la forêt est relativement boisée. Dans cette région la situation est assez satisfaisante mais nous avons des problèmes. Il y a beaucoup de problèmes dans la gestion des ressources naturelles. Il y a les feux de brousse que nous combattons avec les moyens du bord. Aujourd’hui, chaque secteur dispose d’un camion-citerne pour lutter contre les feux de brousse. Nos partenaires dotent aussi de temps en temps les populations avec le petit matériel. Au-delà  de cette lutte active nous menons également une lutte préventive en sensibilisant les populations, La région est fermée à l’exploitation du charbon mais la coupe abusive du bois persiste encore notamment avec la présence des clandestins. Ces mauvaises pratiques sont à combattre avec la plus grande fermeté. Nous pensons que les nouvelles collectivités vont s’inscrire dans cette dynamique ».

Quels sont les dégâts causés par l’exploitation minière ?

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« Avec le comité installé autour du gouverneur, nous commençons à trouver des solutions pour l’orpaillage qui jusque là avait des impacts négatifs sur l’environnement et les ressources naturelles. Les sociétés minières abattent aussi les arbres et acceptent de plus en plus la compensation. Elles respectent les mesures de préservation de l’environnement en procédant à des actions de production de plantes et de reboisement ».

Quelle a été la position du président lors de son séjour à Kédougou par rapport à cette situation ?

« Le conseil interministériel nous a aidé dans le processus de protection de l’environnement. Le président de la République lui-même a reconnu que la région a une vocation minière mais qu’il faudrait que l’exploitation minière se fasse dans le respect de l’environnement. Il a aussi dit que cette diversification des revenus des populations doit se faire  dans le respect et la conservation de l’environnement et des ressources naturelles ».

Quel est le niveau d’implication des populations dans la gestion des ressources naturelles ?

« Nous continuons à les  sensibiliser les populations mais l’implication est à des niveaux différents. Il y en a qui s’impliquent mais cette implication est timide chez les autres. Au niveau des élus locaux, les compétences ont été transférées mais les moyens n’ont pas suivi. Avec l’entrée en vigueur de l’Acte 3 de la décentralisation, nous pensons que les gens seront beaucoup plus sensibilisés puis que la gestion se rapprochera davantage des populations ».

Quels bénéfices pour les communautés ?

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« Les populations tirent beaucoup de retombées dans la gestion des ressources naturelles. Il y en a qui ne sont pas mesurées par exemple que on se rend en brousse pour chercher des racines pour se soigner ou enlever des fruits qu’on consomme à la maison. Les ressources naturelles sont des ressources pour les populations .Une partie des recettes contentieuses (70%) est reversée à la collectivité où l’infraction a été commise. Avec l’exploitation du madd, du karité, les populations gagnent beaucoup d’argent ».

Quels messages adresserez-vous aux communautés pour une gestion durable des ressources naturelles ?

« Nous appelons tous les acteurs et nos partenaires, la presse, les communautés à se mobiliser davantage autour de la protection de l’environnement. Nous vous encourageons à démultiplier l’information pour une meilleure préservation de l’environnement. Nous devrons combattre le braconnage. Tout citoyen doit lutter contre cela. Le braconnier ne respecte aucune règle. Les agents des eaux et  forets ne sont bien compris par les populations. Parfois nos agents sont menacés de mort, les populations ne comprennent pas la portée du travail que nous abattons pourtant pour elles. Un fonctionnaire qui est affecté ne mettra pas la forêt dans sa poche. Au nord les gens ont des problèmes, il y a des gens qui utilisent de la bouse de vache pour cuire les repas. Les ressources sont renouvelables  mais elles ont aussi épuisables car on peut arriver à une situation de non retour et on s’en ira vers la désertification. Ce qui n’est pas du tout souhaitable. »

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