Fatoumata Binta Touré, quartier Dalaba : « Jamais je ne réduirai la dépense quotidienne de mon époux pour régler d’autres besoins… »

Elles sont nombreuses, ces femmes à souffrir et à garder la sérénité dans une dignité exemplaire et toujours sur le chemin de l’autonomisation. Fatoumata Binta Touré, quartier Dalaba est un modèle type de ces femmes toujours prêtes à travailler à la sueur de leurs fronts.
« Je pratique le maraîchage car jamais, je ne voudrai dépendre totalement de mon époux. Je suis en quête d’autonomie. Aucune femme en bonne santé ne doit rester assise sans rien entreprendre. Il faut qu’une femme entreprenne quelque chose pour pouvoir bien s’occuper de ses enfants et de ses voisins. Je pratique cette activité sans disposer de beaucoup de moyens. Je souffre du manque d’eau. J’avais fait forer un puits qui s’est effondré par la suite faute de bûches. Au début tout fonctionnait à merveille, mais maintenant, je ne peux pas travailler comme je le souhaite. C’est mon voisin qui m’approvisionne en eau. Je ne dois pas abuser des largesses qu’il m’a offertes. Je dois utiliser son eau en ne le portant pas préjudice. Je suis obligée de limiter ma consommation en eau pour pratiquer mon activité. Pourtant si ce travail marchait bien, je pourrais bien réunir de l’argent pour pouvoir bien s’occuper des membres de ma famille. Chaque jour, nous sommes informées de certaines cérémonies familiales (baptême, mariage, décès). C’est une honte pour une femme de ne pas pouvoir apporter sa contribution dans ces genres de cérémonies. Je n’ai pas de boutique et je ne travaille pas dans l’administration. Je n’ai aucun salaire. Je dois limiter mes besoins selon les ressources de la famille. Jamais je ne réduirai la dépense quotidienne que mon époux me donne pour satisfaire à d’autres besoins. Pour satisfaire à ces genres de besoins, toute femme doit travailler à la sueur de son front. C’est pourquoi, je m’agrippe à cette activité même si je dispose de moyens limités. C’est la seule alternative digne en attendant de trouver quelque chose de meilleure. En travaillant ici, je parviens à récolter des aubergines, des tomates, du gombo, du piment. Je consomme une partie, vend l’autre partie. Mes voisins aussi peuvent en bénéficier ».