Dialiba Tandian, entrepreneur: « Il faut oser prendre des risques mais calculer le risque et savoir compter sur…. »

Voulant satisfaire à un besoin de sa communauté, le promoteur Dialiba Tandian a vu son rêve s’engloutir dans les eaux tumultueuses du fleuve Gambie, après les inondations de septembre 2009. Le courage et l’échec de M Tandian constitueront des facteurs sur lesquels d’autres jeunes pourront se baser, pour éviter les pièges de la mise en œuvre de leurs projets..
« J’étais étudiant en France et je revenais constamment en vacances à Kédougou. Ce qui m’a frappé, c’est que la population de Kédougou avait un problème d’accessibilité au poisson. Le poisson consommé à Kédougou est non seulement cher mais de moindre qualité. C’est partant de ce besoin que je me suis s’est lancé dans une recherche de solutions à travers la mise en œuvre d’un projet de pisciculture intégrée. J’ai d’abord eu le soutien de quelques membres de ma famille. Pour traduire mes convictions en actes, j’ai dépensé toutes mes économies comme fonds de roulement pour effectuer les premières démarches. Par la suite j’’ai pu bénéficier de l’appui service du co-développement français qui a financé les frais de l’étude de marché et une somme de plus de 14 000 euros pour démarrer le projet ».
« J’avais bien réfléchi sur la mise en œuvre de ce projet de pisciculture intégrée qui allie Agriculture sous pluie et aviculture. Nous avions mis en place un système de récupération des eaux des étangs pour pouvoir arroser les périmètres horticoles. La fumure de volaille était utilisée pour fertiliser les sols. Tout se passait comme souhaité. Nous commencions à livrer nos produits horticoles à Tambacounda et à Sabodala. Nous étions au début de la récupération des investissements. Mais malheureusement les inondations de 2009 ont réduit au néant mes rêves. En quelques heures, les eaux du fleuve Gambie sorti de son lit ont tout ravagé. Plus de 28 millions de francs CFA engloutis sous les eaux ».
« Ce projet bien réfléchi pouvait bel et bien pouvait bien résoudre les problèmes notamment assurer la disponibilité du poisson dans la région de Kédougou. Il s’était appuyé sur les résultats de l’étude de marché qui a ressorti l’information selon laquelle « depuis plus de 30 ans, le site n’a pas connu d’inondations ». Malheureusement cette assurance des populations a été un facteur dévastateur au moment où le projet entrait dans sa phase de croisière ».
Ce projet avait créé de l’enthousiasme. A l’époque, nous sommes entrés en contact avec plusieurs structures dont l’Agence Nationale du Retour vers l’Agriculture (l’ANREVA) et l’Agence pour la Promotion de l’Aquaculture (APA). Nous recevions des visites, des conseils des experts. La RTS diffusait régulièrement des reportages sur le projet. Dans le cadre de l’appui des initiatives économiques, nous avions bénéficié de l’ANREVA d’un financement que nous n’avions jamais reçu. Un entrepreneur devrait venir aménager 2 ha afin que nous puissions reprendre correctement le travail sur le terrain. On nous a fait trop de promesses et rien de réalisé. Le passage sur le site de la délégation du ministre de la jeunesse de l’époque n’a servi à rien Le manque d’accompagnement de l’état nous a fait défaut et a été un véritable facteur bloquant. S’il faut reprendre ce projet, il me faudra soit de changer le type d’aménagement ou trouver un autre site. Toutes ces deux alternatives demandent beaucoup d’investissements ».
« Il faut toujours bien réfléchir et bien insister sur l’étude de marché. Dans les pays développés plus de 50 % des emplois sont créés par les petites entreprises. Si on veut régler les problèmes d’emplois dans nos pays, il faut que ces genres d’initiatives privées puissent se développer et être soutenues par l’Etat. Il faut oser prendre des risques mais de calculer le risque et faire une bonne étude de marché, une bonne connaissance du terrain et savoir compter sur ses propres forces pour aller de l’avant. Il ne jamais baisser les bras »
Propos recueillis par Adama Diaby